Sud Ouest 15/01/2011
Les oubliés de Charron toujours en zone noire. 
Les locataires ne savent toujours pas où ils vont être relogés.  Dans cette maison délabrée et ouverte aux quatre vents, Pierre Maingot et Isabelle Vanderstraeten sont voisins de palier. Ils vivent seuls dans la grande bâtisse qui domine le port du Corps-de-Garde. Depuis la tempête de la fin février 2010, la maison a été placée par les services de l'État en zone de solidarité connue aussi comme zone noire. Le propriétaire n'a pas fait de difficultés pour vendre son bien. Mais il faut désormais reloger ces deux locataires qui payent respectivement un loyer de 130 et 240 euros. Leurs faibles revenus fournis par la retraite et les minima sociaux compliquent leurs dossiers. Isabelle Vanderstraeten habite ici depuis neuf ans. Elle a bien reçu des propositions pour vivre à Ferrières ou encore du côté de Marans mais ses 400 euros de revenu de solidarité active (RSA) ne lui permettent pas de financer une nouvelle location. Même problème pour son voisin Pierre Maingot. « On m'a proposé un appartement à Aytré mais je ne veux pas aller là-bas si c'est pour qu'on m'expulse ensuite parce que je ne peux pas payer le loyer », explique l'électricien retraité. Il préférerait si possible rester à Charron. Au bout de vingt-deux ans, l'homme a ses habitudes mais la mairie ne peut rien pour lui car elle ne possède pas d'habitations en propre. C'est donc la cellule de relogement du Conseil général qui est chargée de les reloger.
Situations « compliquées »

Obligés de quitter leur logement, le 15 septembre 2010, le préfet a consenti à les laisser tranquille le temps de permettre à la cellule de relogement de trouver une solution. Corinne Imbert, en charge des affaires sanitaires et sociales, assure que son service est « très attentif et suit ces situations compliquées ». Selon elle, le souhait des deux locataires de rester à Charron complexifie l'attribution d'un logement social. Ils sont néanmoins prioritaires sur les listes d'attente.Durant la tempête de 1999, les eaux des marais et de la Sèvre Niortaise s'étaient rejointes et avaient envahi le rez-de-chaussée. Philosophe et moqueur, le retraité ne se souvient pas que les autorités se soient autant soucié de leurs conditions de vie à cette époque.Pierre Maingot qui touche une petite retraite, a bien entendu parler de terrains à vendre pour ceux qui souhaitent reconstruire. « Vous m'imaginez, à mon âge, construire une maison. Si j'avais 20 ans de moins, je ne dis pas, mais là », ajoute-t-il un brin fataliste.

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