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Xynthia : les quatre étapes de la volte-face de l’Etat
 Le Parisien
 
 
ANNE-CÉCILE JUILLET | 03.06.2010, 07h00

En quelques semaines, l’Etat a radicalement revu ses décisions concernant la destruction des 1510 maisons en Charente-Maritime et Vendée.

1 Des démolitions irrévocables
Le 8 avril, Jean-Jacques Brot, préfet de Vendée, affirme que 915 habitations seront détruites dans ce département. En Charente-Maritime, son homologue annonce la démolition de 595 maisons.

 

   

Ces 1510 demeures promises aux bulldozers sont situées dans les « zones noires », dont la définition est, à l’époque, claire : elles présentent un danger de avéré et leurs habitants ne pourront pas réintégrer leurs maisons. Les préfectures appliquent à la lettre les consignes de l’Elysée. Car, quinze jours plus tôt, s’est montré intraitable : « Là où il y a risque mortel, personne ne reviendra y habiter. Une fois, cela suffit. » Une décision confirmée par qui déclare : « Les critères qui ont été mis en œuvre par l’Etat pour définir le zonage sont des critères objectifs, basés sur des observations concrètes, précises, et ils n’appellent pas de remise en cause. »
 

2 La fronde des sinistrés
Si certains sinistrés de Xynthia n’envisagent plus de se réinstaller dans des zones périlleuses, d’autres considèrent que ces aires ont été délimitées injustement. De nombreuses incohérences apparaissent : des maisons inondées à plus d’un mètre de hauteur ne seront pas démolies, tandis que d’autres, épargnées, se retrouvent en zone noire. Une fronde s’organise. Des maires présentent leur démission aux préfets, les sinistrés se montent en associations, manifestent, interpellent les pouvoirs publics. « Les critères qui ont présidé au zonage ne sont pas satisfaisants, ils ont été menés trop rapidement, sommairement, présentés brutalement », déplore Maxime Bono, député-maire de La Rochelle, président d’une mission parlementaire sur Xynthia.

 

3 Des expertises insuffisantes
Mi-mai, l’Avif, l’association des victimes de La Faute-sur-Mer, demande à la préfecture de Vendée, par l’entremise du tribunal administratif, que soient communiquées les études qui ont permis d’établir les zones de destruction des maisons. En réponse elle reçoit une note de huit pages, rédigée a posteriori, assortie de quelques cartes. « Nous attendons toujours les rapports d’experts dont on nous avait dit qu’ils avaient inspiré les décisions », assène Xavier Machuron-Mandard, le président de l’Avif. Ils peuvent attendre longtemps : après un second référé, la préfecture leur avoue que ce sont les seuls documents dont elle dispose. « Ces requêtes, très intelligentes, ont permis de démontrer que les zonages ont été décidés sur la base d’expertises insuffisantes », confesse un acteur du dossier.

 

4 Des destructions massives annulées
Il n’est dès lors plus question de détruire les 1510 maisons, comme annoncé le 8 avril. Jean-Louis Borloo, ministre de l’Environnement, ne parle plus de « zones noires » mais de « zones de solidarité ». En d’autres termes, il n’est plus question de bulldozers ou d’expropriations; en revanche les sinistrés qui le veulent ont la possibilité de se faire rembourser leur bien à sa valeur d’avant tempête. « Le gouvernement a dû sortir d’un piège dans lequel il s’était mis », juge Alain Anziani, rapporteur de la mission d’information du Sénat sur Xynthia, qui déplore cette « cacophonie dans le langage ».


Comme une preuve de la fin des destructions massives, le tribunal administratif de Poitiers, saisi par des associations de sinistrés charentais, a affirmé mardi que « le zonage n’entraînera ni dépossession, ni évacuation, ni destruction, ni interdiction d’habiter ».

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