Voici le mail que j'ai reçu de Mr Julien-François Labruyère concernant l'histoire des raz de marée sur notre région :

En effet, Chatenay cite mon nom dans son livre (page 31). Il tire ce fait du raz-de-marée de 1518 de mon livre sur les "Paysans charentais" où (tome II, page 38) j'évoque "une affreuse tempête qui dégrada les rivages, força les barrières, coula par les campagnes, noya les prairies et les vignobles; partout où elle trouva des plaines, elle ne laissa rien à découvert ; dans les îles et au bord de la côte, l'ouragan fut tel que toutes les récoltes en furent enlevées ainsi que de nombreuses maisons ou toitures, du bétail ou même des personnes." Cette mention vient elle-même des observations du père Arcère dans "Histoire de la ville de La Rochelle et du pays d'Aunis" (tome I, page 308). Cet ouragan causant un raz-de-marée fut un des plus terribles de l'histoire de nos côtes, mais il ne fut pas le seul. On compte environ deux ouragans de ce type par siècle, souvent avec des effets très localisés. Prenez par exemple la comparaison entre 1999 et 2010 : les causes sont à peu près les mêmes mais la direction des vents et leurs points d'impact maximum diffèrent sensiblement : 1999 avec des vents du NO plus violents que ceux de 2010 s'en prit principalement aux estuaires de la Seudre et de la Gironde, 2010 avec un coefficient de marée plus fort qu'en 1999 et des vents du SO s'en prit plus violemment aux estuaires de la Charente et surtout de la Sèvre et du Lay.
 
Dans le passé, les côtes savaient moins se protéger de ces tempêtes mais les habitations se limitaient aux affleurements calcaires ; aujourd'hui, c'est l'inverse, on construit sur le bri des terres basses sous prétexte qu'on sait mieux se protéger ! D'où le résultat de Xynthia. Depuis 1518, les principaux ouragans ayant détruit les digues furent ceux de 1537, 1557, 1584, 1591, 1600, 1645, 1682 (Ré et côtes d'Aunis, très similaire à 2010), 1702 (Oleron, Gironde; très similaire à 1999), 1710, 1711, 1715, 1753 (Ré, Aunis), 1777, 1787 (La Rochelle, estuaire Charente), 1811 (Ré, Aunis), 1827, 1838 (Ré), 1935, 1936, 1941, 1999 (estuaires de Gironde et Seudre), 2010 (Ré, Aunis). J'ai mis en gras les plus terribles et n'ai évoqué que les tempêtes d'hiver liées aux malines de janvier ou février. Mais, des dérèglements de longue durée comme le froid (en particulier l'hiver 1709), la sècheresse (nombreux printemps et étés), la canicule (quelques étés) peuvent avoir des conséquences encore plus dramatiques mais étalées dans le temps, aussi bien pour la vie des personnes que pour les récoltes et autrefois les famines. Devant ces constats, je peux vous dire que je suis très sceptique sur ce qu'on appelle aujourd'hui les phénomènes extrêmes et le dérèglement climatique. Un livre à paraître en avril au Croît vif ("Climat et révolutions" fait une analyse précise du climat sur les vingt dernières années du XVIIIe siècle en Aunis et les compare à aujourd'hui, je vous le signale au cas où vous vous voudriez en savoir plus sur la météorologie locale.)
 
Bien à vous.
François Julien-Labruyère
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